Arbi Sadoulaev, frère de Rayana Sadoulaeva.
Rayana était la fondatrice du centre «Sauvons la Génération» a Grozny. Elle a été enlevée, torturée et assassinée le 10 août 2009. Son frère Arbi raconte son incompréhension lors d'une soirée d'hommage à sa soeur et à Natalia Estemirova au festival du film de Douarnenez. (en russe, interprétation par Anne Le Huérou)
First broadcast schedule: Tue, 25. Aug 2009, 12:00 am
Rayana ou l’enfance brisée.
Grozny, la ville la plus bombardée depuis la Seconde guerre mondiale. Deux guerres successives ont laissé 3 800 mutilés à vie - dont près d’un millier d’enfants – victimes non reconnues d’une guerre qui tait son nom.
de Mylène Sauloy - ARTE GEIE – France 2006
ARTE Reportage - 06.12.2006
Rayana Sadoulaeva, une récompense posthume
11 décembre 2009 : le Ministère français des Affaires étrangères doit remettre à Rayana Sadoulaeva, le prix des Droits de l’Homme pour son courage et sa détermination. Rayana Sadoulaeva a été assassinée en août dernier. En Tchétchénie, la guerre a laissé plus d'un millier d'enfants et d'adolescents handicapés à vie. Elle se battait à leurs côtés pour "sauver la génération".
Impitoyable, interminable, la double guerre de Tchétchénie, écrasante riposte du Kremlin à la volonté d'indépendance tchétchène, a fait en dix ans près de 200.000 morts soit 20% de la population. Elle a aussi produit des milliers d'handicapés, victimes des bombardements et des mines, survivants mutilés dans leur chair. Parmi eux, nombre d’enfants et d’adolescents, fauchés à l'aube de leur vie.
C'est dans un camp de réfugiés de l'Ingouchie voisine où elle avait dû se mettre à l'abri avec sa famille que Rayana Sadoulaeva a pris la mesure du drame de ces jeunes. Elle a d'abord collaboré avec l'UNICEF à un programme d'appareillage des enfants et de prévention contre les mines. Puis en 2001, elle a fondé "Spassiom Pakaliene" (Sauvons la génération), une ONG dont le nom évoque autant le cri d'alarme que l'élan salvateur. Pour redonner des jambes mais aussi le goût de vivre, la confiance et un avenir possible aux enfants massacrés par la guerre. Elle veut en faire des adultes debout.
Dans le centre de réhabilitation ouvert à Grozny par l'association, les jeunes reçoivent un suivi médical et psychologique. Ils disposent d'une première formation à l'informatique. Et ils ne sont plus seuls. Rayana les emmène en vacances, les fait danser, faire du théâtre, la fête. Elle les accompagne à Moscou, jusqu'en Allemagne ou en Italie pour qu'ils reçoivent un appareillage adapté. Elle soutient leurs familles. Elle conduit aussi un programme de sensibilisation au danger des mines antipersonnel, via la télévision et le théâtre : avec 40 tonnes de roquettes, mines et obus non explosés sur son petit territoire, la Tchétchénie est le pays le plus miné au monde. Elle se bat, avec l'aide internationale mais seule sur le terrain, jeune femme Tchétchène sous son fichu, avec sa force de vie et son humour qui minimise le travail accompli.
Rien ne la prédisposait à ce destin-là. Quand la première guerre de Tchétchénie a éclaté en 1994, elle s'apprêtait à fêter ses vingt ans. Elle étudiait l'histoire à Grozny, sans imaginer que celle-ci allait prendre son pays pour cible. Elle est restée terrée dans son village natal avec les siens, sous les bombardements pendant deux hivers lugubres. « Je n'avais plus envie de rien faire. J'avais l'âme vide ». Croyante, elle a relu le Coran, repris des forces. En 1999, quand la deuxième guerre a éclaté, elle ne voulait plus subir mais agir.
Elle a rejoint dans leur combat au jour le jour pour les droits de l'homme d'autres femmes Tchétchènes, au courage indicible. Qui dérangent le pouvoir en place, soucieux lui, de faire oublier les exactions russes. En juillet dernier, Natalia Estemirova , à la tête de l'ONG Memorial a d’ailleurs été assassinée.
Le 11 Août, suivant un scénario semblable, des miliciens en armes sont venus à l'association chercher Rayana et celui qui était, depuis peu, son mari. On a retrouvé leurs corps dans le coffre de leur voiture. Elle était enceinte. Elle aurait eu 35 ans à Noël.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire